mercredi 30 avril 2014

Creuser plus loin pour le changement


Les médias canadiens rapportaient récemment qu’au Canada, un enfant sur trois est victime d’abus sexuel. Cette donnée statistique devrait nous choquer. Toutefois, pour les gens œuvrant à promouvoir les droits des filles et des femmes, il s’agit d’une réalité trop familière. Le fait qu’à l’échelle planétaire au moins une femme sur trois se fera battre ou violer au cours de sa vie ne représente que l’une des nombreuses difficultés auxquelles les femmes sont confrontées. À ce jour, les femmes représentent toujours 70 pour cent des pauvres dans le monde et ce, puisque dans la majorité des cas elles n’ont pas la possibilité de contrôler les ressources financières et productives. Qui plus est, les femmes ne sont que rarement invitées aux négociations pour la paix, et ce, malgré toute la violence perpétrée contre elles. 

Pourtant, nous avons pu constater à maintes reprises que lorsque nous investissons dans les femmes, les avantages s’étendent au-delà du bienêtre personnel des femmes, favorisant également leurs familles ainsi que leurs communautés. Le périodique The Economist a même déclaré « oubliez la Chine, l’Inde et Internet : les femmes sont le moteur de la croissance économique. » Or, il n’y a que peu de moyens financiers disponibles pour soutenir les programmes et les organismes dirigés par des femmes et concentrant leurs services sur elles.

L’Association pour les droits de la femme et le développement (AWID) a mené une enquête en 2010. Ladite enquête visait 740 organismes de femmes et a démontré que ces organismes ne reçoivent que peu de financement. Dans les faits, leur revenu médian était de 20 000 $, ce qui est inférieur au salaire annuel d’un Canadien travaillant au salaire minimum. Lorsque nous additionnons les revenus de ces 740 organismes, la somme totale se chiffre à 106 millions de dollars ; une simple fraction du budget de 309 millions de dollars de Greenpeace pour l’an 2010.  Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi 20 pour cent des organismes sondés craignaient de voir leurs opérations interrompues, faute de moyens pécuniaires.

Cette situation se reflète au Canada également. Parmi les organismes canadiens de développement international et de la société civile, avec un budget global excédant les 30 millions de dollars, moins de sept pour cent du dit budget sont dédiés à soutenir les organismes de femmes autonomes à l’étranger. Malgré le leadeurship du Canada en matière de promotion de la santé maternelle et infantile, le ministère Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada (MAECD) n’a alloué qu’entre un et deux pour cent du montant total de son programme de soutien financier à des projets ayant comme principal objectif l’équité sexuelle au cours des cinq dernières années. 

L’année dernière, un groupe de 21 organismes de la société civile (OSC) canadiens œuvrant en développement international se sont rassemblés à la suite d’une rencontre du groupe de travail pour une politique sur les droits des femmes afin de discuter de la nécessité d’une compréhension systématique et partagée de l’appui du Canada envers les droits des femmes à l’international et de constituer une fondation afin d’améliorer les levées de fonds et de renforcer la programmation. Ainsi, un nouveau groupe de travail a été créé afin de superviser la recherche et la rédaction d’un rapport concernant l’évaluation et l’appréciation du financement disponible pour les programmes visant les femmes et les organismes associés à cette cause avec l’intention de capter l’attention du gouvernement canadien et de solliciter l’imagination des OSC canadiennes. 

La résultante de tout ceci est Creuser plus loin : pour une meilleure action en faveur des droits mondiaux des femmes et des filles. Nous espérons que vous lirez le rapport, ce qui vous permettra d’en découvrir davantage sur les investissements du Canada en développement international et les défis inhérents au financement des droits des femmes. Le rapport a été commandé par Carrefour et d’autres OSC partenaires œuvrant à promouvoir les droits des femmes afin de fournir une base informationnelle qui, nous l’espérons, suscitera le questionnement et initiera le débat. Ultimement, nous espérons inciter davantage de recherche et de financement afin de renforcer les initiatives canadiennes appuyant les droits des femmes à l’échelle planétaire pour la prochaine décennie et d’augmenter les dons au Canada. Afin d’avoir une incidence significative, nous devons rejoindre le plus de personnalités influentes possible, alors, SVP, partagez largement ce rapport dans vos réseaux. Voilà qui nous aidera à atteindre un auditoire aussi vaste que possible afin d’expliquer pourquoi nous devons creuser plus loin pour financer les programmes et les organismes centrés sur les femmes.